VERA CANTA BARBARA CON LITO




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Un par de respuestas-pregunta

Por qué Barbara: imaginate admirar a María Elena Walsh (cantautora contemporánea de Barbara) y vivir rodeado de gente que no la conoce. ¿No intentarías lo que intenté yo? 

Por qué Vera: imaginate descubrir a una cantante que, para acercarla mejor a los oyentes, había subtitulado ella misma en español el video de su versión de un tema de Barbara
¿No la harías cómplice?

Barbara (si tuviera acento, iría en la última a), pionera cantautora que siempre negó ser poeta, insistía en que sus letras, para mí innegablemente literarias, no debían separarse de la música que había nacido con ellas, que "así, desnudas, son ridículas". Mis traducciones cantables de esas letras, tras años de desnudez, se vistieron por fin de gala en un suntuoso rendez-vous: a 25 años de la muerte de Barbara, Vera Cirkovic y Lito Vitale se dieron simbiótica cita para darles vida, uniéndolas por primera vez (y ya para siempre) con las inmortales melodías de una gran compositora. Solo cabe esperar que el puente idiomático que una voz y un piano inconfundibles han tendido entre la rive gauche parisina y el Río de la Plata revele las creaciones de Barbara a un nuevo público, y se cumpla así su deseo de que sus canciones "sigan moviéndose en el tiempo", volviendo así a latir en lejanas latitudes.

A PEINE


A peine le jour s'est levé,
A peine la nuit va s'achever,
Que déjà, ta main s'est glissé.
Légère, légère,
A peine sorti du sommeil,
A peine, à peine tu t'éveilles,
Que déjà, tu cherches ma main,
Que déjà, tu frôles mes reins.

L'aube blafarde, par la fenêtre,
L'aube blafarde, va disparaître,
C'est beau, regarde par la fenêtre,
C'est beau, regarde le jour paraître.

A chaque jour recommencé,
A se vouloir, à se garder,
A se perdre, à se déchirer,
A se battre, à se crucifier,
Passent les vents et les marées,
Mille fois perdus, déchirés,
Mille fois perdus, retrouvés,
Nous restons là, émerveillés.

Ton indocile, ta difficile,
Et puis docile, ta si fragile,
Je suis la vague où tu te noies,
Et je m'enroule au creux de toi.

A peine le temps s'est posé,
Printemps, hiver, automne, été,
Tu t'en souviens, c'était hier,
Printemps, été, automne, hiver,
A peine tu m'avais entrevue,
Déjà, tu m'avais reconnue,
A peine tu m'avais souri,
Que déjà, je t'avais choisi.

Mon indocile, mon difficile,
Et puis docile, mon si fragile,
Tu es la vague où je me noie,
Tu es ma force, tu es ma loi.

Dans la chambre, s'est glissée l'ombre,
Je t'aperçois dans la pénombre,
Tu me regardes, tu me guettes,
Tu n'écoutais pas, je m'arrête,
Au loin, une porte qui claque,
Il pleut, j'aime le bruit des flaques,
Ailleurs, le monde vit, ailleurs,
Mais nous, nous vivons là, mon coeur.

Et je m'enroule au creux de toi,
Et tu t'enroules au creux de moi.


Le temps passe vite à s'aimer,
A peine l'avons-nous vu passer,
Que déjà, la nuit s'est glissée,
Légère, légère,
Ta bouche à mon cou, tu me mords,
Il fait nuit noire au dehors,
Ta bouche à mon cou, je m'endors,
Dans le sommeil, je t'aime encore.

A peine je suis endormie,
Que déjà, tu t'endors aussi,
Ton corps à mon corps se fait lourd,
Bonsoir, bonne nuit, mon amour…


PIERRE 


La la ... il pleut

  

Sur les jardins alanguis, 

sur les roses de la nuit 

il pleut des larmes de pluie, il pleut. 

Et j'entends le clapotis 

du bassin qui se remplit. 

Oh mon Dieu, que c'est joli, la pluie! 

  

Quand Pierre rentrera, 

tiens, il faut que je lui dise 

que le toit de la remise a fuit 

Il faut qu'il rentre du bois, 

car il commence à faire froid ici. 

  

Mhm ... Pierre ... mon Pierre.. 

  

Sur la campagne endormie 

le silence, et puis un cri. 

C'est rien, un oiseau de nuit qui fuit

Que c'est beau cette pénombre, 

le ciel et le feu et l'ombre 

qui se glisse jusqu'à moi sans bruit! 

  

Mmm ... 

  

Une odeur de foin coupé 

monte de la terre mouillée. 

Une auto descend l'allée. 

C'est lui! 


AU REVOIR

Au revoir,
Nous étions bien ensemble,
Au revoir,
Ces liens qui nous assemblent,
Ne pourront pas se défaire, ce soir,
Dans cette gare,
Pour ce train qui part,

Au revoir,
Tu pars mais tu m'emportes,
Au revoir,
Il faut fermer les portes,
Où que tu sois, je serai cachée,
A l'ombre de toi,
A l'ombre de toi,

Il faudrait, il faudrait peut-être,
Que je te dise "reste",
Il faudrait, il faudrait peut-être,
Que tu me dises "viens, viens",

Au revoir,
Non, il n'y a personne,
Pour nous voir,
Qui se soucie en somme,
D'un homme qui prend son train, le soir,
Dans une gare,
Pour un autre part,

Au revoir,
Oui, je serai prudente,
Et ce soir,
Oui, c'est promis, je rentre,
Que dis-tu, oui, j'ai froid, je frissonne,
Mais c'est vrai,
Que c'est bientôt l'automne,

Il faudrait, il faudrait peut-être,
Que je te dise "reste",
Et tout changerait peut-être,
Si tu me disais "viens, viens",

Au revoir,
Mais qu'est-ce que tu racontes,
Au revoir,
Qu'il faut que je pardonne,
Si demain je recevais,
Une lettre de toi,
Une lettre de toi,

Me disant,
Me disant peut-être,
Tout à coup, je comprends,
Que tu m'avais quittée, peut-être,
Pour longtemps, très longtemps,
Oui,

Mais soudain,

 voilà que ton train démarre,
Nous n'avons pas eu le temps de nous dire,
Au revoir,
Nous étions bien ensemble,
Au revoir,
Les liens qui nous assemblent,
Au revoir, mon amour,
Au revoir, mon amour,
Au revoir, mon amour...


DIS, QUAND REVIENDRAS-TU?


Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,

Voilà combien de temps que tu es reparti,

Tu m'as dit cette fois, c'est le dernier voyage,

Pour nos coeurs déchirés c'est le dernier naufrage,

Au printemps tu verras, je serai de retour,

Le printemps c'est joli pour se parler d'amour,

Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,

Et déambulerons dans les rues de Paris.


Dis, quand reviendras-tu ?

Dis, au moins le sais-tu ?

Que tout le temps qui passe,

Ne se rattrape guère,

Que tout le temps perdu,

Ne se rattrape plus.


Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà,

Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,

A voir Paris si beau dans cette fin d'automne,

Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne,

Je tangue, je chavire et, comme la rengaine,

Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne,

Ton image me hante et je te parle tout bas,

Et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi.


Dis, quand reviendras-tu ?

Dis, au moins le sais-tu ?

Que tout le temps qui passe,

Ne se rattrape guère,

Que tout le temps perdu,

Ne se rattrape plus.


J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,

J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,

Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,

Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,

Je reprendrai ma route, le monde m'émerveille,

J'irais me réchauffer à un autre soleil,

Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,

Je n'ai pas la vertu des femmes de marin.


Dis, quand reviendras-tu ?

Dis, au moins le sais-tu ?

Que tout le temps qui passe,

Ne se rattrape guère,

Que tout le temps perdu,

Ne se rattrape plus…


JOYEUX NOËL 


C'était vingt-deux heures à peine, ce vendredi-là

C'était veille de Noël, et pour fêter ça

Il s'en allait chez Madeleine près du Pont de l'Alma

Elle aurait eu tant de peine qu'il ne vienne pas

Fêter Noël, fêter Noël


En smoking de velours vert, en col roulé blanc

Et le coeur en bandoulière marchant à pas lents

A pied il longeait la Seine tout en sifflotant

Puisqu'il allait chez Madeleine il avait bien le temps

Charmant Noël, charmant Noël


C'était vingt-deux heures à peine, ce vendredi-là

C'était veille de Noël, et pour fêter ça

Elle s'en allait chez Jean-Pierre, près du Pont de l'Alma

Il aurait eu tant de peine qu'elle ne vienne pas

Fêter Noël, fêter Noël


Bottée noire souveraine et gantée de blanc

Elle allait pour dire je t'aime marchant d'un pas lent

A pied elle longeait la Seine tout en chantonnant

Puisqu'elle allait chez Jean-Pierre elle avait bien le temps

Mhm mhm mhm, charmant Noël


Or voilà que sur le pont ils se rencontrèrent

Ces deux-là qui s'en venaient d'un chemin contraire

Lorsqu'il la vit si belle des bottes aux gants

Il se sentit infidèle jusqu'au bout des dents


Elle aima son smoking vert son col roulé blanc

Et frissonna dans l'hiver en lui souriant

Bonsoir je vais chez Jean-Pierre, près du pont de l'Alma

Bonsoir, j'allais chez Madeleine c'est juste à deux pas


Et ils allèrent chez Eugène pour y fêter ça

Sous le sapin de lumière quand il l'embrassa

Heureuse elle se fit légère au creux de son bras

Au petit jour ils s'aimèrent près d'un feu de bois

Joyeux Noël, joyeux Noël


Mais après une semaine, ce vendredi-là

Veille de l'année nouvelle tout recommença

Il se rendit chez Madeleine l'air un peu sournois

Elle se rendit chez Jean-Pierre un peu tard ma foi


Bien sûr il y eut des scènes près du Pont de l'Alma

Qu'est-ce que ça pouvait leur faire à ces amants-là

Eux qu'avaient eu un Noël comme on n'en fait pas

Mais il est bien doux quand même de rentrer chez soi

Après Noël, joyeux Noël



ATTENDEZ QUE MA JOIE REVIENNE

Attendez que ma joie revienne
Et que se meure le souvenir
De cet amour de tant de peine
Qui n'en finit pas de mourir
Avant de me dire je t'aime
Avant que je puisse vous le dire
Attendez que ma joie revienne
Qu'au matin je puisse sourire

Laissez-moi le chagrin m'emporte
Et je vogue sur mon délire
Laissez-moi ouvrez cette porte
Laissez-moi je vais revenir

J'attendrai que ma joie revienne
Et que soit mort le souvenir
De cet amour de tant de peine
Pour lequel j'ai voulu mourir
J'attendrai que ma joie revienne
Qu'au matin je puisse sourire
Que le vent ait séché ma peine
Et la nuit calmé mon délire

Il est paraît-il un rivage
Où l'on guérit du mal d'aimer
Les amours mortes y font naufrage
Épaves noires du passé

Si tu veux que ma joie revienne
Qu'au matin je puisse sourire
Vers ce pays où meurt la peine
Je t'en prie laisse-moi partir
Il faut de mes amours anciennes
Que périsse le souvenir
Pour que libérée de ma chaîne
Vers toi je puisse revenir

Alors je t'en fais la promesse
Ensemble nous irons cueillir
Au jardin fou de la tendresse
La fleur d'amour qui va s'ouvrir

Mais c'est trop tôt pour dire je t'aime
Trop tôt pour te l'entendre dire
La voix que j'entends c'est la sienne
Ils sont vivants mes souvenirs
Pardonne-moi c'est lui que j'aime
Le passé ne veut pas mourir


DROUOT 


Dans les paniers d'osier de la salle des ventes,

Une gloire déchue des folles années trente,

Avait mit aux enchères, parmi quelques brocantes,

Un vieux bijou donné, par quel amour d'antan,


Elle était là, figée, superbe et déchirante,

Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes,

Des mains belles encore, déformées, les doigts nus,

Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre,


Comme tous les matins, dans la salle des ventes,

Bourdonnait une foule, fiévreuse et impatiente,

Ceux qui, pour quelques sous, rachètent pour les vendre,

Les trésors fabuleux d'un passé qui n'est plus,


Dans ce vieux lit cassé, en bois de palissandre,

Que d'ombres enlacées, ont rêvé à s'attendre,

Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes,

Mais les choses nous parlent si nous savons entendre,


Le marteau se leva, dans la salle des ventes,

Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence,

Elle cria "je prends, je rachète tout ça,

Ce que vous vendez là, c'est mon passé à moi",


C'était trop tard, déjà, dans la salle des ventes,

Le marteau retomba sur sa voix suppliante,

Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes,

Le dernier souvenir de ses amours d'antan,


Près des paniers d'osier, dans la salle des ventes,

Une femme pleurait ses folles années trente,

Et revoyait soudain, défiler son passé,

Défiler son passé, défiler son passé,


Car venait de surgir, du fond de sa mémoire,

Du fond de sa mémoire, un visage oublié,

Une image chérie, du fond de sa mémoire,

Son seul amour de femme, son seul amour de femme,


Hagarde, elle sortit de la salle des ventes,

Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes,

Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus,

Quelques billets froissés, pour un passé perdu,


Hagarde, elle sortit de la salle des ventes,

Je la vis s'éloigner, courbée et déchirante,

De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus,

Pas même ce souvenir, aujourd'hui disparu…


LE BEL ÂGE


Il avait presque vingt ans 

Fallait, fallait voir 

Sa gueule, c'était boul'versant 

Fallait voir pour croire 

À l'abri du grand soleil 

Je n'l'avais pas vu venir 

Ce gosse, c'était une merveille 

De le voir sourire 


Voilà que timidement 

Le Jésus me parle 

De tout, de rien, d'sa maman 

Tu parles, tu parles 

J'aime beaucoup les enfants 

J'ai l'esprit de famille 

Mais j'ai dépassé le temps 

De jouer aux billes 


Il avait presque vingt ans 

Et la peau si douce 

J'ai cueilli du bout des dents 

La fleur de sa bouche 

Et j'ai feuilleté pour lui 

Un livre d'images 

Qu'était pas du tout écrit 

Pour les enfants sages 


Trente jours et tant de nuits 

Donne, mais je te donne 

Lui pour moi, et moi pour lui 

Et nous pour personne 

Mais il fallait bien qu'un jour 

Je perde mes charmes 

Devant son premier amour 

J'ai posé les armes 


Elle avait presque vingt ans 

Fallait fallait voir 

Sa gueule, c'était boul'versant 

Fallait voir pour croire 

Ils avaient tous deux vingt ans 

Vingt ans, le bel âge... 


LA SOLITUDE


Je l'ai trouvée devant ma porte,

Un soir que je rentrais chez moi,

Partout, elle me fait escorte,

Elle est revenue, là voilà,

La renifleuse des amours mortes,

Elle m'a suivie, pas à pas,

La garce, que le Diable l'emporte,

Elle est revenue, elle est là.


Avec sa gueule de carême,

Avec ses larges yeux cernés,

Elle nous fait le coeur à la traîne,

Elle nous fait le coeur à pleurer,

Elle nous fait des matins blêmes,

Et de longues nuits désolées,

La garce, elle nous ferait même,

L'hiver au plein coeur de l'été.


Dans ta triste robe de moire,

Avec tes cheveux mal peignés,

T'as la mine du désespoir,

Tu n'es pas belle à regarder,

Aller, va t'en porter ailleurs,

Ta triste gueule de l'ennui,

Je n'ai pas le goût du malheur,

Va t'en voir ailleurs si j'y suis.


Je veux encore rouler des hanches,

Je veux me saouler de printemps,

Je veux m'en payer des nuits blanches,

A coeur qui bat, à coeur battant,

Avant que sonne l'heure blême,

Et jusqu'à mon souffle dernier,

Je veux encore dire "je t'aime",

Et vouloir mourir d'aimer.


Elle a dit "ouvre-moi ta porte,

Je t'avais suivie pas à pas,

Je sais que tes amours sont mortes,

Je suis revenue, me voilà,

Ils t'ont récité leurs poèmes,

Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,

Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine,

Eh! bien, c'est fini, maintenant".


Depuis, elle me fait des nuits blanches,

Elle s'est pendue à mon cou,

Elle s'est enroulée à mes hanches,

Elle s'est couchée à mes genoux,

Partout, elle me fait escorte,

Et elle me suit, pas à pas,

Elle m'attend devant ma porte,

Elle est revenue, elle est là,

La solitude, la solitude…


DU BOUT DES LÈVRES


Dites-le-moi du bout des lèvres.

Moi, je l'entends du bout du cœur.

Moins fort, calmez donc cette fièvre.

Oui, j'écoute.

Oh, dites-le-moi doucement.

Murmurez-le-moi simplement.

Je vous écouterais bien mieux

Sans doute

Si vous parlez du bout des lèvres.

J'entends très bien du bout du cœur

Et je peux continuer mon rêve

Mon rêve.

Que l'amour soit à mon oreille

Doux comme le chant des abeilles

En été, un jour, au soleil

Au soleil.

Regarde, dans le soir qui se penche

Là-bas, le voilier qui balance.

Qu'elle est jolie, sa voile blanche

Qui danse.

Je vous le dis du bout des lèvres:

Vous m'agacez du bout du cœur.

Vos cris me dérangent, je rêve

Je rêve.

Venez donc me parler d'amour

A voix basse, dans ce contre-jour

Et faites-moi, je vous en prie

Silence.

Prenons plutôt le soir qui penche

Là-bas, ce voilier qui balance.

Qu'elle est jolie, sa voile blanche

Qui danse.

Je vous dirai du bout des lèvres:

"Je vous aime du bout du cœur."

Et nous pourrons vivre mon rêve

Mon rêve…


NANTES


Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était encore inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:

"Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-loups
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."

A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-aux-loups
Je m'en souviens du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir

Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard

Pourtant j'étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-aux-loups
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà, tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un "je t'aime"

Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens

Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin


LE MAL DE VIVRE 


Ça ne prévient pas quand ça arrive

Ça vient de loin

Ça c'est promené de rive en rive

La gueule en coin

Et puis un matin, au réveil

C'est presque rien

Mais c'est là, ça vous ensommeille

Au creux des reins


Le mal de vivre

Le mal de vivre

Qu'il faut bien vivre

Vaille que vivre


On peut le mettre en bandoulière

Ou comme un bijou à la main

Comme une fleur en boutonnière

Ou juste à la pointe du sein

C'est pas forcément la misère

C'est pas Valmy, c'est pas Verdun

Mais c'est des larmes aux paupières

Au jour qui meurt, au jour qui vient


Le mal de vivre

Le mal de vivre

Qu'il faut bien vivre

Vaille que vivre


Qu'on soit de Rome ou d'Amérique

Qu'on soit de Londres ou de Pékin

Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique

Ou de la porte Saint-Martin

On fait tous la même prière

On fait tous le même chemin

Qu'il est long lorsqu'il faut le faire

Avec son mal au creux des reins


Ils ont beau vouloir nous comprendre

Ceux qui nous viennent les mains nues

Nous ne voulons plus les entendre

On ne peut pas, on n'en peut plus

Et tous seuls dans le silence

D'une nuit qui n'en finit plus

Voilà que soudain on y pense

A ceux qui n'en sont pas revenus


Du mal de vivre

Leur mal de vivre

Qu'ils devaient vivre

Vaille que vivre


Et sans prévenir, ça arrive

Ça vient de loin

Ça c'est promené de rive en rive

Le rire en coin

Et puis un matin, au réveil

C'est presque rien

Mais c'est là, ça vous émerveille

Au creux des reins


La joie de vivre

La joie de vivre

Oh, viens la vivre

Ta joie de vivre


MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR 


Du plus loin que me revienne

L'ombre de mes amours anciennes

Du plus loin du premier rendez-vous

Du temps de mes premières peines

Lors j'avais quinze à peine

Coeur tout blanc et griffes aux genoux

Que ce fût, j'étais précoce

De tendres amours de gosse

Ou les morsures d'un amour fou

Du plus loin qu'il m'en souvienne

Si depuis j'ai dit "je t'aime"

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous


C'est vrai je ne fus pas sage

Et j'ai tourné bien des pages

Sans les lire, blanches et puis rien dessus

C'est vrai je ne fus pas sage

Et mes guerriers de passage

A peine vus, déjà disparus

Mais à travers leurs visages

C'était déjà votre image

C'était vous déjà et le coeur nu

Je refaisais mes bagages

Et poursuivais mon mirage

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous


Sur la longue route qui menait vers vous

Sur la longue route j'allais le coeur fou

Le vent de décembre me gelait au cou

Qu'importait décembre, si c'était pour vous


Elle fut longue la route

Mais je l'ai faite la route

Celle-là qui menait jusqu'à vous

Et je ne suis pas parjure

Si ce soir je vous jure

Que pour vous je l'eus faite à genoux

Il en eut fallu bien d'autres

Que quelques mauvais apôtres

Que l'hiver et la neige à mon cou

Pour que je perde patience

Et j'ai calmé ma violence

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous


Mais tant d'hivers et d'automnes

De nuits, de jours et personnes

Vous n'étiez jamais au rendez-vous

Et de vous perdant courage

Soudain me prenait la rage

Mon Dieu que j'avais besoin de vous

Que le Diable vous emporte

D'autres m'ont ouvert leur porte

Heureuse, je m'en allais loin de vous

Oui, je vous fus infidèle

Mais vous revenais quand même

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous


J'ai pleuré mes larmes mais qu'il me fut doux

Oh ! Qu'il me fut doux ce premier sourire de vous

Et pour une larme qui venait de vous

J'ai pleuré d'amour, vous souvenez-vous?


Ce fut un soir en septembre

Vous étiez venus m'attendre

Ici même vous en souvenez-vous?

A nous regarder sourire

A nous aimer sans rien dire

C'est là que j'ai compris tout à coup

J'avais fini mon voyage

Et j'ai posé mes bagages

Vous étiez venus au rendez-vous

Qu'importe ce qu'on peut en dire

Je tenais à vous le dire

Ce soir je vous remercie de vous

Qu'importe ce qu'on peut en dire

Tant que je pourrai vous dire

Ma plus belle histoire d'amour c'est vous


APENAS


Apenas al amanecer

La nueva luz va a aparecer

Desvela tu calor mi piel

Rozándome

No acabas aún de despertar

Mi mano vienes a buscar

Tu cuerpo ya se acerca a mí

Y nazco al día junto a ti


De madrugada, por la ventana

La luz difusa de otra mañana

Despunta el alba, tras la persiana

Gloriosa aurora que hoy se engalana


Y ya hemos vuelto a comenzar

A requerir, a custodiar

A sucumbir, a desgarrar

A combatir, a condenar

Marea y viento que en su afán

Mil veces nos destrozarán

Mil veces nos convocarán

Nos maravilla el huracán


Te soy indócil, te soy esquiva

Y luego dócil, dulce cautiva

Soy yo tu ola; te ahogas en mí

Y al mismo tiempo me pliego a ti


Y de estación en estación

El tiempo es una exhalación

¿Recuerdas? ¿Hace un año o diez

Nos vimos por primera vez?

Apenas te fijaste en mí

Pensaste “te reconocí”

Apenas sonreíste y sí,

Ya sin saberlo te elegí


Me eres indócil, me eres esquivo

Y luego dócil, dulce cautivo

Eres mi ola; me ahogo en ti

Eres mi fuerza, riges en mí


El cuarto se ensombrece ya

Bañados en la oscuridad

¿Me vislumbras o me espías?

No me escuchas… Cosas mías

Un ruido… Se cerró el portal

La lluvia canta en el cristal

La vida sigue al exterior

Y tú y yo aquí, mi amor


Soy una ola, te ahogas en mí

Y al mismo tiempo, me pliego a ti


Amándonos el día se fue

Y ya nos viene a sorprender

La noche sigilosa 

Deslizándose

Tu boca mi nuca besó

Afuera pronto anocheció

Me besas, el sueño llegó,

Y al vencernos nos unió


Me duermo junto a ti, mi bien

Y ya te duermes tú también

Dos cuerpos y un mismo calor

Vivió un día más nuestro amor


LUIS


La la ... ¿vendrá?


La llovizna en el jardín

Sobre el pino y el jazmín

De un cielo que llora sin fin… ¿Vendrá?

Qué bonito es escuchar

De la lluvia el tintinear

O en un charco chapotear así


En cuanto venga Luis

Debería recordarle

Que se llueve el cobertizo, sí

Falta leña en el hogar

Y comienza a refrescar... aquí


Mmm...Luis. ... mi Luis


Un silencio mágico

Rompe el grito trágico

De un ave en la oscuridad, quizá

Contemplo frente al hogar

Un cielo crepuscular

Se acercan las sombras ya a mí


Mmm...


Huele a tierra y a verdín

Cae la noche en el jardín

Se oye un coche, llega al fin

Es él


ADIÓS


Adiós

No volverás el lunes

Adiós

Los lazos que nos unen

No se romperán de un sopetón

Sin ton ni son

Aquí en la estación


Adiós

Te vas pero me llevas 

Adiós

Van a cerrar las puertas

Donde vayas, contigo yo iré

Pues ya me escondí

Muy dentro de ti


Y tal vez, si te suplicara

“Por favor, no me dejes”

O tal vez si tú me imploraras

“Sin ti yo no me voy, no”


Adiós

Solos nos han dejado

A los dos

Y nadie se ha fijado

En un hombre que sube a su tren

Pues pasan cien

Por este andén


Adiós

Verás que se me pasa

Esta tos

Me voy derecho a casa

¿Cómo dices? ¿Que parece que tiemblo?

¿Y cómo no?

Si ha llegado el invierno...


O tal vez si te suplicara

“Por favor, no me dejes”

Tal vez así todo cambiara

Si me dijeras “ven, ven”


Adiós

No esperes que razone

Adiós

Quieres que te perdone

Si una carta encontrara de ti

En mi buzón

Qué tremenda emoción


Si por fin

Lo reconocieras

Dijeras que comprendes

Y que perderme es un infierno

Y que vuelves a mí


Mas hete aquí 

que ha echado a andar tu tren

Y me he quedado sola en el andén

Adiós

No volverás el lunes

Adiós

Los lazos que nos unen

Adiós, corazón

Adiós, corazón

Adiós, corazón


DI, ¿CUÁNDO VOLVERÁS?


¿Quién sabe cuántas noches pasaré sin ti?

¿Y cuántos días más te alejarán de mí?

¿No habías dicho acaso “Ya no viajo más

Dejarte me hace mal, la dicha es tan fugaz

Para esta primavera me verás volver

Y no nos quedará rincón por recorrer

Nos sonreirá París como un jardín en flor

Y por sus callejuelas te hablaré de amor”?

 

Di, ¿cuándo volverás?

Di, ¿cuándo lo sabrás?

Que cada día que pasa

Ya no se recupera

Y si se deja atrás

Ya no regresa más


La primavera entera ya sin ti pasó

Y en nuestra chimenea tanta leña ardió

El color del otoño baña la ciudad 

Su belleza me da letargo y frialdad

Me agito con el viento como en alta mar

Cual frágil melodía tiembla en un cantar

Por tu amor me obsesiono y te hablo a media voz

No te puedo olvidar, qué dolor tan atroz


Di, ¿cuándo volverás?

Di, ¿cuándo lo sabrás?

Que cada día que pasa

Ya no se recupera

Y si se deja atrás

Ya no regresa más


Te quiero todavía y siempre te querré

Mi amor es verdadero y no te olvidaré

Tu debes comprender que has de volver a mí

O tan solo nostalgia quedará de ti

Regresarán mis viejas ansias de viajar

El calor de otro sol no costará encontrar

La pena no me hará por ti desfallecer

Mujer de marinero nunca quise ser


Di, ¿cuándo volverás?

Di, ¿cuándo lo sabrás?

Que cada día que pasa

Ya no se recupera

Y si se deja atrás

Ya no regresa más


QUÉ NAVIDAD


Era viernes a la noche, a eso de las diez

Justo para Nochebuena, Juan vería a Inés 

Él le había prometido irla a visitar

Ella lo esperaba ansiosa; no podía faltar

En Navidad, qué Navidad

 

Con abrigo de gamuza de chillón color

Juan paseaba a paso lento, de excelente humor

Antes de cruzar el río comenzó a silbar

Como Inés vivía cerca pronto iba a llegar

En Navidad, qué Navidad


Ese viernes a la noche, a eso de las diez

Para Nochebuena Marta lo vería a Andrés 

Ella había prometido irlo a visitar

La esperaba tan ansioso; no podía faltar

En Navidad, qué Navidad


Guantes blancos, botas negras y con la intención

De dejar caer un tequiero en la conversación

Marta llegó al río canturreando una canción

Iba a paso lento, llena de emoción

En Navidad, qué Navidad


Sobre el puente se encontraron, qué casualidad

Dos destinos contrapuestos en la gran ciudad

Con sus botas y sus guantes Marta lo hechizó

Juan no se atrevió a besarla pero lo pensó


El abrigo de gamuza a ella le gustó 

Sonriendo, sintió frío y se estremeció

“Qué tal, mucho gusto, iba a ver a Andrés”

“Qué tal, encantado, yo iba a ver a Inés”


Pero a casa de Leandro se los vio llegar 

Bajo el árbol se besaron sin disimular 

Marta se sintió ligera al abrazar a Juan

Y se fue la noche entera en besos y champán 

En Navidad, qué Navidad


Y pasada una semana, a eso de las diez

Justo para Nochevieja, sucedió otra vez

Juan se sintió raro al llegar a lo de Inés

Marta llegó un poco tarde a casa de Andrés


Por supuesto que hubo escenas, era de esperar

Pero nadie lo bailado les podría quitar

Deliciosa Nochebuena, lejos del hogar

Mas después de un extravío, dulce es regresar 

A celebrar un año más

Tras Navidad, qué Navidad


ESPERA A QUE MI DICHA VUELVA


Espera a que mi dicha vuelva

Y a que el recuerdo se quede atrás

De tanto amor, de tanta pena

Que insiste en no dejarme en paz

Me quieres, y aunque yo te quiera

Aún no lo podré decir

Espera a que mi dicha vuelva

Espera a verme sonreír


Déjame, tengo el alma muerta

Y no paro de delirar

Déjame, ábreme la puerta

Déjame, ya he de regresar


Espero que me dicha vuelva

Y que el recuerdo se quede atrás

De tanto amor, de tanta pena

Que un día no quise vivir más

Espero que mi dicha vuelva

Espero a verme sonreír

La brisa secará mi pena

La noche me hará revivir


En cierta lejana orilla

El mal de amores va a morir

Naufraga allí todo desengaño

Y el alma puede revivir


Si quieres que mi dicha vuelva

Si quieres verme sonreír

Allí he de irme a ahogar la pena

Te ruego déjame partir

Aquel dolor aún me encadena

Y quiero abandonarlo allí

Y libre ya de mi condena

Podré por fin volver a ti


Prometo entonces que un buen día

La iremos juntos a buscar

En el jardín de la alegría

La flor de amor va a despertar...


No puedo aún decir te quiero

Ni oírte a ti decírmelo

Su voz perdura en mi recuerdo

En mi ilusión sobrevivió

Perdóname, aún le quiero

Ese otro idilio no acabó


SUBASTA


Temprano cuando abrió la casa de subastas
La anciana del bastón posó en una canasta
Resuelta a rematar, entre otras antiguallas,
La joya que una vez un novio le obsequió

Esfinge fantasmal envuelta en viejas pieles
Sus manos temblorosas tristes oropeles
La vida al transcurrir sus dedos deformó
Desnuda majestad de un árbol en invierno

Muy pronto se llenó la casa de subastas
Solían acudir feriantes entusiastas
Con ansias de comprar y luego revender
El botín singular de un tiempo que pasó

Aquel viejo sillón o esa raída alfombra
Acaso suavizaron entrañables sombras
Si un bien tal vez guardó secretos y leyendas
Los sabe murmurar a todo aquel que entienda

Dos golpes de martillo cierran la subasta
Pero antes del tercero ella dice “Basta;
Perdón, me arrepentí, cambié de parecer,
Aquello que viví jamás debí vender”

El golpe del martillo confirmó la venta
Y el ruego de la anciana no se tuvo en cuenta
Así fue que perdió en un mar de baratijas
La joya, prueba fiel de aquel lejano amor

Postrada en un sillón en medio de la gente
Llorando recordó sus locos años veinte
Febril sintió en la piel las horas del ayer
Los días del ayer, los años del ayer

Pues magnífica al fin brotó de su memoria
La imagen pasional, soberbia y sin rival
De aquel rostro cordial perdido en su memoria
Del hombre de su vida, del hombre de su vida

Por fin se incorporó con un mirar lejano
Un puño en el bastón, dinero en la otra mano
Apenas un billete o a lo sumo dos
Por su única ilusión, qué trueque tan atroz

La anciana se alejó con paso vacilante
Y nunca más dejó ver su silueta errante
De aquel antiguo idilio nada le quedó
La joya al fin también el tiempo devoró.


DULCE JUVENTUD


Veinte años en la piel

Tenías que verlo

Tan hermoso era él

Que costaba creerlo

Por la sombra iba yo

Casi me lo pierdo

Pero solo me bastó

Verlo sonriendo


Con su voz angelical

Él se pone a hablarme

De sus clases, de mamá

Creo desmayarme

Me parece encantador

Yo también fui chica

Pero estoy algo mayor

Para las canicas


Veinte años y una piel

Que me vuelve loca

Con un beso arrebaté 

La flor de su boca

Y una noche le mostré

Mi autorretrato

Exhibirlo así, a sus pies,

Fue poco sensato


Nos pasamos casi un mes

Bebiendo ambrosía

Las dos voces a la vez

En tierna armonía

Pero todo aquel ardor

Me consumió el alma

Y ante su primer amor

Depuse las armas


Veinte años en la piel

Tenías que verla

Tan hermosa como él

Cómo no quererla

Veinte años en la piel

Dulce juventud…


LA SOLEDAD


Volvía a casa antes del alba

Y me esperaba en el portal

Se ha vuelto ya mi guardaespaldas

Allí de pie junto al umbral

Me ronda si un amor se muere

Ya nunca me podré ocultar

¿Será que el Diablo no la quiere

Que siempre viene a molestar?


Con esa cara de cuaresma

Y esa mirada fantasmal

Nos pone como un alma en pena

No para hasta hacernos llorar

Viene a nublarnos la mañana

Si no nos logra desvelar

Maldita, si por ella fuera

Haría en verano nevar


Con tu triste gabán de pana

Y tu cabello sin peinar

Tu aspecto de desesperada

Preferiría no mirar

Mejor te llevas a otra parte

Tu deprimente mise-en-scène

No me interesa frecuentarte

Adiós, y ¡que te vaya bien!


Me quedan muchas primaveras

Para embriagarlas de pasión

Y pasaré la noche en vela

Si así lo pide el corazón

Porque hasta quedar sin aliento

Yo quiero deshojar la flor

Seguir derrochando tequieros

Y ¿por qué no? Morir de amor


Respondió “Ábreme la puerta;

Te he seguido sin parar

De vanas ilusiones muertas

Yo te he venido a rescatar

Tus pretendientes, sus poemas

A la Verlaine o a la Rimbaud,

Solo han causado problemas;

Despídete, se terminó...


Desde esa noche me desvela

Pues de mi cuello se colgó

Mi insomnio tiene centinela

Es ella quien me conquistó

He aquí mi nueva guardaespaldas

Conmigo siempre la verás

A toda hora monta guardia

Ya nunca me abandonará

La soledad, mi soledad…


A MEDIA VOZ


Dígamelo a media voz

Que yo lo oiré de corazón

Calme esta fiebre tan atroz

Lo escucho

Dígamelo con suavidad

Murmúrelo con liviandad

Que yo lo escucharé mejor

Sí, mucho

Si me lo dice a media voz

Yo oiré muy bien de corazón

Y así podré recomenzar

Mi sueño

Que en mis oídos el amor

Sea cual de abejas el rumor

Un día de verano al sol

Al sol

Contempla en el atardecer

Aquel velero que despliega

Su vela blanca, un resplandor

Que baila

Se lo diré a media voz

No grite más, haga el favor,

Que así ya no podré soñar

Mi sueño

No, mejor hábleme de amor

En este ocaso a media voz

O haga silencio, por favor

Silencio

Miremos al atardecer

Aquel velero que despliega

Su vela blanca, un resplandor

Que baila

Se lo diré a media voz

Lo quiero a usted de corazón

Y pronto haremos realidad

Mi sueño…


DUELO


Regreso al pueblo

Llueve sin cesar 

No acaba el duelo

Duele recordar


Era otro amanecer así

Un año atrás yo estaba aquí

Había niebla por doquier

Del tren ya la entreveía

No me era el pueblo familiar

Más que de nombre en realidad

Pero a venir me decidí 

Cuando el mensaje recibí:


Señora, debe usted venir

Dos, calle del Guadalquivir

No hay esperanza de un después

Y ha preguntado por usted


Su hora había de sonar

Después de tanto deambular

Lo veo igual hoy como ayer

Su grito desgarrando mi alma

Desde aquel día que se fue 

Por mucho tiempo lo esperé

Un vagabundo sin perdón

Que destrozó mi corazón...


Dos, calle del Guadalquivir

Y cómo no iba yo a venir

Ya nunca lo voy a olvidar

El cuarto en que lo fui a encontrar


Sentados frente a un pobre hogar  

Se irguieron al verme llegar 

Bajo una luz blanca y glacial

Tres hombres vestidos de traje

A aquel cortejo no encaré

Y nunca nada pregunté

Con sus miradas, sin hablar

Decían que era tarde ya


Y cómo no iba yo a venir

Dos, calle del Guadalquivir

Mas él jamás me volvió a ver

Lo derrotó su padecer


Ya sabes del cuento el final

De su regreso y de su mal

Pues él jamás volvió a zarpar

De la que fue su última orilla

Quería antes de morir

Volver a verme sonreír

Pero esa noche se durmió

Sin un te quiero ni un adiós


Por una senda junto al mar

Ya lo han llevado a descansar

Tranquilo por fin esta vez

Reposa ya al pie de un ciprés 

Mi padre, mi padre


Me voy del pueblo

Llueve sin cesar

No acaba el duelo

Duele recordar


VIVIR DUELE


Viene de lejos cuando llega 

Sin avisar

Cual polizón en la bodega

El malestar

Alguna mañana plomiza

Lo sentirás

Es un dolor que paraliza

Aquí detrás 


La vida duele

La vida duele

Pero vivirla

Vale la pena


Hay quien lo lleva bien a la vista

Ese dolor, en el ojal,

Cual camafeo de amatista

O por los hombros como un chal

Es cierto que no es para tanto:

No es que contigo acabará

Por más que te reclame llanto

Con cada día que se va


La vida duele

La vida duele

Pero vivirla

Vale la pena


Vengas de Roma o de Bruselas

Seas de Londres o Pekín

Vengas de Egipto o Venezuela

O vivas frente al San Martín

Llevamos una misma carga

Rezamos la misma oración

La senda se te hará más larga

Si cargas con tu desazón


Por más que traten de aceptarnos

Los que reclaman sin cesar

Ya no querremos escucharlos

No los podemos soportar

Muy calladitos nos quedamos

En esa noche sin final

Cuando de pronto recordamos

A todos los que ya no están


La vida duele

La vida duele

Pero vivirla

Vale la pena


Viene de lejos, también llega 

Sin avisar

Cual polizón en la bodega

El bienestar

Alguna mañana soleada

La sentirás

Esa alegría inesperada

Ya lo verás 


Qué bella vida

Qué bella vida

Ven a vivirla

Vale la pena


MI GRAN AMOR


Aún recuerdo el más lejano 

De mis amores tempranos

Me cocía en el primer hervor

Años de primeras penas

Quince o dieciséis apenas

Alma limpia y llena de fervor

Fui precoz en la ternura

Juvenil y su locura

Dejó más de un rastro de dolor

Si mi recuerdo es certero

Aunque derroché tequieros

Siempre el nuestro fue mi gran amor


Nunca he sido muy prudente

Ni medí bien la pendiente

El amor es un gran profesor

Crucé sin llegar al puente

Y era cada pretendiente

Peor seductor que el anterior 

Pero a fuerza de intentarlo

No tardé en adivinarlo

Aquí me esperaba lo mejor

Rehacía mi equipaje

Y recomenzaba el viaje

Siempre el nuestro fue mi gran amor


Largo fue el camino que me trajo aquí

Largo fue el camino y casi me perdí

Sopló un viento helado pero resistí

Pues helara o no, me comprometí


Recorrí el largo camino

Ansiosa cual peregrino

Que vislumbra un débil resplandor

Y como ese peregrino

A lo largo del camino

No sentí fatiga ni dolor

Fui contra viento y marea

En mi intrépida odisea

No llegar sería lo peor

Nunca perdí la paciencia

Supe calmar mi violencia

Siempre el nuestro fue mi gran amor


Iban pasando los años

Dejándome desengaños

Tanto desencuentro y sinsabor

Tal vez faltaba coraje

O sobraba sabotaje

Yo necesitaba este calor

Llegué a maldecir lo nuestro

Si un personaje siniestro

Se vestía de mejor postor

Tantas veces me alejaba

Tantas otras regresaba

Siempre el nuestro fue mi gran amor


Cuánto habré llorado, pero qué emoción

Ver tanta alegría me dio la razón

Lágrimas de dicha que yo provoqué 

Y que devolví y no olvidaré


Una noche de verano

Esperándome temprano

Aquí mismo, en este corredor

Fue al vernos sonriendo

Y al querernos en silencio

Que tomé conciencia de mi error

Era el fin de mi camino

No era otro mi destino

Nuestro encuentro era el bien mayor

Lo bendigan o maldigan

No hace falta que lo diga:

Que lo nuestro no hay nada mejor

No hay quien pueda desmentirlo

Ni me canso de decirlo

Siempre el nuestro fue mi gran amor







7 comentarios:

  1. Anónimo11:57

    Buenísima version en español! Perfectamente cantable.

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  2. Gracias... No solo cantable, ¡sino cantada! Si vas arriba de todo verás el enlace al álbum para escucharla. Que la disfrutes.

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  3. Anónimo17:29

    Poesia pura! Gran trabajo

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  4. María Elena Blanco1:49

    Maravilloso, Chema

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  5. Anónimo23:21

    Preciosa introducción, divino trabajo el tuyo . Gracias

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  6. Anónimo9:47

    Chema, gracias. tradujiste la que te pedí, Ma plus belle histoire d’amour!!! Me encanta

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  7. Anónimo16:28

    Volví a entrar aquí y a leer con detenimiento muchas de ellas. Qué buen trabajo!

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