A PEINE A peine le jour s'est levé,
PIERRE La la ... il pleut
Sur les jardins alanguis, sur les roses de la nuit il pleut des larmes de pluie, il pleut. Et j'entends le clapotis du bassin qui se remplit. Oh mon Dieu, que c'est joli, la pluie!
Quand Pierre rentrera, tiens, il faut que je lui dise que le toit de la remise a fuit Il faut qu'il rentre du bois, car il commence à faire froid ici.
Mhm ... Pierre ... mon Pierre..
Sur la campagne endormie le silence, et puis un cri. C'est rien, un oiseau de nuit qui fuit Que c'est beau cette pénombre, le ciel et le feu et l'ombre qui se glisse jusqu'à moi sans bruit!
Mmm ...
Une odeur de foin coupé monte de la terre mouillée. Une auto descend l'allée. C'est lui! AU REVOIR voilà que ton train démarre, DIS, QUAND REVIENDRAS-TU? Voilà combien de jours, voilà combien de nuits, Voilà combien de temps que tu es reparti, Tu m'as dit cette fois, c'est le dernier voyage, Pour nos coeurs déchirés c'est le dernier naufrage, Au printemps tu verras, je serai de retour, Le printemps c'est joli pour se parler d'amour, Nous irons voir ensemble les jardins refleuris, Et déambulerons dans les rues de Paris. Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Que tout le temps qui passe, Ne se rattrape guère, Que tout le temps perdu, Ne se rattrape plus. Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà, Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois, A voir Paris si beau dans cette fin d'automne, Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne, Je tangue, je chavire et, comme la rengaine, Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne, Ton image me hante et je te parle tout bas, Et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi. Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Que tout le temps qui passe, Ne se rattrape guère, Que tout le temps perdu, Ne se rattrape plus. J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours, J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour, Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir, Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs, Je reprendrai ma route, le monde m'émerveille, J'irais me réchauffer à un autre soleil, Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin, Je n'ai pas la vertu des femmes de marin. Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Que tout le temps qui passe, Ne se rattrape guère, Que tout le temps perdu, Ne se rattrape plus… JOYEUX NOËL C'était vingt-deux heures à peine, ce vendredi-là C'était veille de Noël, et pour fêter ça Il s'en allait chez Madeleine près du Pont de l'Alma Elle aurait eu tant de peine qu'il ne vienne pas Fêter Noël, fêter Noël En smoking de velours vert, en col roulé blanc Et le coeur en bandoulière marchant à pas lents A pied il longeait la Seine tout en sifflotant Puisqu'il allait chez Madeleine il avait bien le temps Charmant Noël, charmant Noël C'était vingt-deux heures à peine, ce vendredi-là C'était veille de Noël, et pour fêter ça Elle s'en allait chez Jean-Pierre, près du Pont de l'Alma Il aurait eu tant de peine qu'elle ne vienne pas Fêter Noël, fêter Noël Bottée noire souveraine et gantée de blanc Elle allait pour dire je t'aime marchant d'un pas lent A pied elle longeait la Seine tout en chantonnant Puisqu'elle allait chez Jean-Pierre elle avait bien le temps Mhm mhm mhm, charmant Noël Or voilà que sur le pont ils se rencontrèrent Ces deux-là qui s'en venaient d'un chemin contraire Lorsqu'il la vit si belle des bottes aux gants Il se sentit infidèle jusqu'au bout des dents Elle aima son smoking vert son col roulé blanc Et frissonna dans l'hiver en lui souriant Bonsoir je vais chez Jean-Pierre, près du pont de l'Alma Bonsoir, j'allais chez Madeleine c'est juste à deux pas Et ils allèrent chez Eugène pour y fêter ça Sous le sapin de lumière quand il l'embrassa Heureuse elle se fit légère au creux de son bras Au petit jour ils s'aimèrent près d'un feu de bois Joyeux Noël, joyeux Noël Mais après une semaine, ce vendredi-là Veille de l'année nouvelle tout recommença Il se rendit chez Madeleine l'air un peu sournois Elle se rendit chez Jean-Pierre un peu tard ma foi Bien sûr il y eut des scènes près du Pont de l'Alma Qu'est-ce que ça pouvait leur faire à ces amants-là Eux qu'avaient eu un Noël comme on n'en fait pas Mais il est bien doux quand même de rentrer chez soi Après Noël, joyeux Noël ATTENDEZ QUE MA JOIE REVIENNE DROUOT Dans les paniers d'osier de la salle des ventes, Une gloire déchue des folles années trente, Avait mit aux enchères, parmi quelques brocantes, Un vieux bijou donné, par quel amour d'antan, Elle était là, figée, superbe et déchirante, Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes, Des mains belles encore, déformées, les doigts nus, Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre, Comme tous les matins, dans la salle des ventes, Bourdonnait une foule, fiévreuse et impatiente, Ceux qui, pour quelques sous, rachètent pour les vendre, Les trésors fabuleux d'un passé qui n'est plus, Dans ce vieux lit cassé, en bois de palissandre, Que d'ombres enlacées, ont rêvé à s'attendre, Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes, Mais les choses nous parlent si nous savons entendre, Le marteau se leva, dans la salle des ventes, Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence, Elle cria "je prends, je rachète tout ça, Ce que vous vendez là, c'est mon passé à moi", C'était trop tard, déjà, dans la salle des ventes, Le marteau retomba sur sa voix suppliante, Elle vit s'en aller, parmi quelques brocantes, Le dernier souvenir de ses amours d'antan, Près des paniers d'osier, dans la salle des ventes, Une femme pleurait ses folles années trente, Et revoyait soudain, défiler son passé, Défiler son passé, défiler son passé, Car venait de surgir, du fond de sa mémoire, Du fond de sa mémoire, un visage oublié, Une image chérie, du fond de sa mémoire, Son seul amour de femme, son seul amour de femme, Hagarde, elle sortit de la salle des ventes, Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes, Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus, Quelques billets froissés, pour un passé perdu, Hagarde, elle sortit de la salle des ventes, Je la vis s'éloigner, courbée et déchirante, De ses amours d'antan, rien ne lui restait plus, Pas même ce souvenir, aujourd'hui disparu… LE BEL ÂGE Il avait presque vingt ans Fallait, fallait voir Sa gueule, c'était boul'versant Fallait voir pour croire À l'abri du grand soleil Je n'l'avais pas vu venir Ce gosse, c'était une merveille De le voir sourire Voilà que timidement Le Jésus me parle De tout, de rien, d'sa maman Tu parles, tu parles J'aime beaucoup les enfants J'ai l'esprit de famille Mais j'ai dépassé le temps De jouer aux billes Il avait presque vingt ans Et la peau si douce J'ai cueilli du bout des dents La fleur de sa bouche Et j'ai feuilleté pour lui Un livre d'images Qu'était pas du tout écrit Pour les enfants sages Trente jours et tant de nuits Donne, mais je te donne Lui pour moi, et moi pour lui Et nous pour personne Mais il fallait bien qu'un jour Je perde mes charmes Devant son premier amour J'ai posé les armes Elle avait presque vingt ans Fallait fallait voir Sa gueule, c'était boul'versant Fallait voir pour croire Ils avaient tous deux vingt ans Vingt ans, le bel âge... LA SOLITUDE Je l'ai trouvée devant ma porte, Un soir que je rentrais chez moi, Partout, elle me fait escorte, Elle est revenue, là voilà, La renifleuse des amours mortes, Elle m'a suivie, pas à pas, La garce, que le Diable l'emporte, Elle est revenue, elle est là. Avec sa gueule de carême, Avec ses larges yeux cernés, Elle nous fait le coeur à la traîne, Elle nous fait le coeur à pleurer, Elle nous fait des matins blêmes, Et de longues nuits désolées, La garce, elle nous ferait même, L'hiver au plein coeur de l'été. Dans ta triste robe de moire, Avec tes cheveux mal peignés, T'as la mine du désespoir, Tu n'es pas belle à regarder, Aller, va t'en porter ailleurs, Ta triste gueule de l'ennui, Je n'ai pas le goût du malheur, Va t'en voir ailleurs si j'y suis. Je veux encore rouler des hanches, Je veux me saouler de printemps, Je veux m'en payer des nuits blanches, A coeur qui bat, à coeur battant, Avant que sonne l'heure blême, Et jusqu'à mon souffle dernier, Je veux encore dire "je t'aime", Et vouloir mourir d'aimer. Elle a dit "ouvre-moi ta porte, Je t'avais suivie pas à pas, Je sais que tes amours sont mortes, Je suis revenue, me voilà, Ils t'ont récité leurs poèmes, Tes beaux messieurs, tes beaux enfants, Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine, Eh! bien, c'est fini, maintenant". Depuis, elle me fait des nuits blanches, Elle s'est pendue à mon cou, Elle s'est enroulée à mes hanches, Elle s'est couchée à mes genoux, Partout, elle me fait escorte, Et elle me suit, pas à pas, Elle m'attend devant ma porte, Elle est revenue, elle est là, La solitude, la solitude… DU BOUT DES LÈVRES Dites-le-moi du bout des lèvres. Moi, je l'entends du bout du cœur. Moins fort, calmez donc cette fièvre. Oui, j'écoute. Oh, dites-le-moi doucement. Murmurez-le-moi simplement. Je vous écouterais bien mieux Sans doute Si vous parlez du bout des lèvres. J'entends très bien du bout du cœur Et je peux continuer mon rêve Mon rêve. Que l'amour soit à mon oreille Doux comme le chant des abeilles En été, un jour, au soleil Au soleil. Regarde, dans le soir qui se penche Là-bas, le voilier qui balance. Qu'elle est jolie, sa voile blanche Qui danse. Je vous le dis du bout des lèvres: Vous m'agacez du bout du cœur. Vos cris me dérangent, je rêve Je rêve. Venez donc me parler d'amour A voix basse, dans ce contre-jour Et faites-moi, je vous en prie Silence. Prenons plutôt le soir qui penche Là-bas, ce voilier qui balance. Qu'elle est jolie, sa voile blanche Qui danse. Je vous dirai du bout des lèvres: "Je vous aime du bout du cœur." Et nous pourrons vivre mon rêve Mon rêve… NANTES Il pleut sur Nantes Le ciel de Nantes LE MAL DE VIVRE Ça ne prévient pas quand ça arrive Ça vient de loin Ça c'est promené de rive en rive La gueule en coin Et puis un matin, au réveil C'est presque rien Mais c'est là, ça vous ensommeille Au creux des reins Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre On peut le mettre en bandoulière Ou comme un bijou à la main Comme une fleur en boutonnière Ou juste à la pointe du sein C'est pas forcément la misère C'est pas Valmy, c'est pas Verdun Mais c'est des larmes aux paupières Au jour qui meurt, au jour qui vient Le mal de vivre Le mal de vivre Qu'il faut bien vivre Vaille que vivre Qu'on soit de Rome ou d'Amérique Qu'on soit de Londres ou de Pékin Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique Ou de la porte Saint-Martin On fait tous la même prière On fait tous le même chemin Qu'il est long lorsqu'il faut le faire Avec son mal au creux des reins Ils ont beau vouloir nous comprendre Ceux qui nous viennent les mains nues Nous ne voulons plus les entendre On ne peut pas, on n'en peut plus Et tous seuls dans le silence D'une nuit qui n'en finit plus Voilà que soudain on y pense A ceux qui n'en sont pas revenus Du mal de vivre Leur mal de vivre Qu'ils devaient vivre Vaille que vivre Et sans prévenir, ça arrive Ça vient de loin Ça c'est promené de rive en rive Le rire en coin Et puis un matin, au réveil C'est presque rien Mais c'est là, ça vous émerveille Au creux des reins La joie de vivre La joie de vivre Oh, viens la vivre Ta joie de vivre MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR Du plus loin que me revienne L'ombre de mes amours anciennes Du plus loin du premier rendez-vous Du temps de mes premières peines Lors j'avais quinze à peine Coeur tout blanc et griffes aux genoux Que ce fût, j'étais précoce De tendres amours de gosse Ou les morsures d'un amour fou Du plus loin qu'il m'en souvienne Si depuis j'ai dit "je t'aime" Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous C'est vrai je ne fus pas sage Et j'ai tourné bien des pages Sans les lire, blanches et puis rien dessus C'est vrai je ne fus pas sage Et mes guerriers de passage A peine vus, déjà disparus Mais à travers leurs visages C'était déjà votre image C'était vous déjà et le coeur nu Je refaisais mes bagages Et poursuivais mon mirage Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous Sur la longue route qui menait vers vous Sur la longue route j'allais le coeur fou Le vent de décembre me gelait au cou Qu'importait décembre, si c'était pour vous Elle fut longue la route Mais je l'ai faite la route Celle-là qui menait jusqu'à vous Et je ne suis pas parjure Si ce soir je vous jure Que pour vous je l'eus faite à genoux Il en eut fallu bien d'autres Que quelques mauvais apôtres Que l'hiver et la neige à mon cou Pour que je perde patience Et j'ai calmé ma violence Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous Mais tant d'hivers et d'automnes De nuits, de jours et personnes Vous n'étiez jamais au rendez-vous Et de vous perdant courage Soudain me prenait la rage Mon Dieu que j'avais besoin de vous Que le Diable vous emporte D'autres m'ont ouvert leur porte Heureuse, je m'en allais loin de vous Oui, je vous fus infidèle Mais vous revenais quand même Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous J'ai pleuré mes larmes mais qu'il me fut doux Oh ! Qu'il me fut doux ce premier sourire de vous Et pour une larme qui venait de vous J'ai pleuré d'amour, vous souvenez-vous? Ce fut un soir en septembre Vous étiez venus m'attendre Ici même vous en souvenez-vous? A nous regarder sourire A nous aimer sans rien dire C'est là que j'ai compris tout à coup J'avais fini mon voyage Et j'ai posé mes bagages Vous étiez venus au rendez-vous Qu'importe ce qu'on peut en dire Je tenais à vous le dire Ce soir je vous remercie de vous Qu'importe ce qu'on peut en dire Tant que je pourrai vous dire Ma plus belle histoire d'amour c'est vous | APENAS Apenas al amanecer La nueva luz va a aparecer Desvela tu calor mi piel Rozándome No acabas aún de despertar Mi mano vienes a buscar Tu cuerpo ya se acerca a mí Y nazco al día junto a ti De madrugada, por la ventana La luz difusa de otra mañana Despunta el alba, tras la persiana Gloriosa aurora que hoy se engalana Y ya hemos vuelto a comenzar A requerir, a custodiar A sucumbir, a desgarrar A combatir, a condenar Marea y viento que en su afán Mil veces nos destrozarán Mil veces nos convocarán Nos maravilla el huracán Te soy indócil, te soy esquiva Y luego dócil, dulce cautiva Soy yo tu ola; te ahogas en mí Y al mismo tiempo me pliego a ti Y de estación en estación El tiempo es una exhalación ¿Recuerdas? ¿Hace un año o diez Nos vimos por primera vez? Apenas te fijaste en mí Pensaste “te reconocí” Apenas sonreíste y sí, Ya sin saberlo te elegí Me eres indócil, me eres esquivo Y luego dócil, dulce cautivo Eres mi ola; me ahogo en ti Eres mi fuerza, riges en mí El cuarto se ensombrece ya Bañados en la oscuridad ¿Me vislumbras o me espías? No me escuchas… Cosas mías Un ruido… Se cerró el portal La lluvia canta en el cristal La vida sigue al exterior Y tú y yo aquí, mi amor Soy una ola, te ahogas en mí Y al mismo tiempo, me pliego a ti Amándonos el día se fue Y ya nos viene a sorprender La noche sigilosa Deslizándose Tu boca mi nuca besó Afuera pronto anocheció Me besas, el sueño llegó, Y al vencernos nos unió Me duermo junto a ti, mi bien Y ya te duermes tú también Dos cuerpos y un mismo calor Vivió un día más nuestro amor LUIS La la ... ¿vendrá? La llovizna en el jardín Sobre el pino y el jazmín De un cielo que llora sin fin… ¿Vendrá? Qué bonito es escuchar De la lluvia el tintinear O en un charco chapotear así En cuanto venga Luis Debería recordarle Que se llueve el cobertizo, sí Falta leña en el hogar Y comienza a refrescar... aquí Mmm...Luis. ... mi Luis Un silencio mágico Rompe el grito trágico De un ave en la oscuridad, quizá Contemplo frente al hogar Un cielo crepuscular Se acercan las sombras ya a mí Mmm... Huele a tierra y a verdín Cae la noche en el jardín Se oye un coche, llega al fin Es él ADIÓS Adiós No volverás el lunes Adiós Los lazos que nos unen No se romperán de un sopetón Sin ton ni son Aquí en la estación Adiós Te vas pero me llevas Adiós Van a cerrar las puertas Donde vayas, contigo yo iré Pues ya me escondí Muy dentro de ti Y tal vez, si te suplicara “Por favor, no me dejes” O tal vez si tú me imploraras “Sin ti yo no me voy, no” Adiós Solos nos han dejado A los dos Y nadie se ha fijado En un hombre que sube a su tren Pues pasan cien Por este andén Adiós Verás que se me pasa Esta tos Me voy derecho a casa ¿Cómo dices? ¿Que parece que tiemblo? ¿Y cómo no? Si ha llegado el invierno... O tal vez si te suplicara “Por favor, no me dejes” Tal vez así todo cambiara Si me dijeras “ven, ven” Adiós No esperes que razone Adiós Quieres que te perdone Si una carta encontrara de ti En mi buzón Qué tremenda emoción Si por fin Lo reconocieras Dijeras que comprendes Y que perderme es un infierno Y que vuelves a mí Sí Mas hete aquí que ha echado a andar tu tren Y me he quedado sola en el andén Adiós No volverás el lunes Adiós Los lazos que nos unen Adiós, corazón Adiós, corazón Adiós, corazón DI, ¿CUÁNDO VOLVERÁS? ¿Quién sabe cuántas noches pasaré sin ti? ¿Y cuántos días más te alejarán de mí? ¿No habías dicho acaso “Ya no viajo más Dejarte me hace mal, la dicha es tan fugaz Para esta primavera me verás volver Y no nos quedará rincón por recorrer Nos sonreirá París como un jardín en flor Y por sus callejuelas te hablaré de amor”?
Di, ¿cuándo volverás? Di, ¿cuándo lo sabrás? Que cada día que pasa Ya no se recupera Y si se deja atrás Ya no regresa más La primavera entera ya sin ti pasó Y en nuestra chimenea tanta leña ardió El color del otoño baña la ciudad Su belleza me da letargo y frialdad Me agito con el viento como en alta mar Cual frágil melodía tiembla en un cantar Por tu amor me obsesiono y te hablo a media voz No te puedo olvidar, qué dolor tan atroz Di, ¿cuándo volverás? Di, ¿cuándo lo sabrás? Que cada día que pasa Ya no se recupera Y si se deja atrás Ya no regresa más Te quiero todavía y siempre te querré Mi amor es verdadero y no te olvidaré Tu debes comprender que has de volver a mí O tan solo nostalgia quedará de ti Regresarán mis viejas ansias de viajar El calor de otro sol no costará encontrar La pena no me hará por ti desfallecer Mujer de marinero nunca quise ser Di, ¿cuándo volverás? Di, ¿cuándo lo sabrás? Que cada día que pasa Ya no se recupera Y si se deja atrás Ya no regresa más QUÉ NAVIDAD Era viernes a la noche, a eso de las diez Justo para Nochebuena, Juan vería a Inés Él le había prometido irla a visitar Ella lo esperaba ansiosa; no podía faltar En Navidad, qué Navidad
Con abrigo de gamuza de chillón color Juan paseaba a paso lento, de excelente humor Antes de cruzar el río comenzó a silbar Como Inés vivía cerca pronto iba a llegar En Navidad, qué Navidad Ese viernes a la noche, a eso de las diez Para Nochebuena Marta lo vería a Andrés Ella había prometido irlo a visitar La esperaba tan ansioso; no podía faltar En Navidad, qué Navidad Guantes blancos, botas negras y con la intención De dejar caer un tequiero en la conversación Marta llegó al río canturreando una canción Iba a paso lento, llena de emoción En Navidad, qué Navidad Sobre el puente se encontraron, qué casualidad Dos destinos contrapuestos en la gran ciudad Con sus botas y sus guantes Marta lo hechizó Juan no se atrevió a besarla pero lo pensó El abrigo de gamuza a ella le gustó Sonriendo, sintió frío y se estremeció “Qué tal, mucho gusto, iba a ver a Andrés” “Qué tal, encantado, yo iba a ver a Inés” Pero a casa de Leandro se los vio llegar Bajo el árbol se besaron sin disimular Marta se sintió ligera al abrazar a Juan Y se fue la noche entera en besos y champán En Navidad, qué Navidad Y pasada una semana, a eso de las diez Justo para Nochevieja, sucedió otra vez Juan se sintió raro al llegar a lo de Inés Marta llegó un poco tarde a casa de Andrés Por supuesto que hubo escenas, era de esperar Pero nadie lo bailado les podría quitar Deliciosa Nochebuena, lejos del hogar Mas después de un extravío, dulce es regresar A celebrar un año más Tras Navidad, qué Navidad
Espera a que mi dicha vuelva Y a que el recuerdo se quede atrás De tanto amor, de tanta pena Que insiste en no dejarme en paz Me quieres, y aunque yo te quiera Aún no lo podré decir Espera a que mi dicha vuelva Espera a verme sonreír Déjame, tengo el alma muerta Y no paro de delirar Déjame, ábreme la puerta Déjame, ya he de regresar Espero que me dicha vuelva Y que el recuerdo se quede atrás De tanto amor, de tanta pena Que un día no quise vivir más Espero que mi dicha vuelva Espero a verme sonreír La brisa secará mi pena La noche me hará revivir En cierta lejana orilla El mal de amores va a morir Naufraga allí todo desengaño Y el alma puede revivir Si quieres que mi dicha vuelva Si quieres verme sonreír Allí he de irme a ahogar la pena Te ruego déjame partir Aquel dolor aún me encadena Y quiero abandonarlo allí Y libre ya de mi condena Podré por fin volver a ti Prometo entonces que un buen día La iremos juntos a buscar En el jardín de la alegría La flor de amor va a despertar... No puedo aún decir te quiero Ni oírte a ti decírmelo Su voz perdura en mi recuerdo En mi ilusión sobrevivió Perdóname, aún le quiero Ese otro idilio no acabó SUBASTA Temprano cuando abrió la casa de subastas DULCE JUVENTUD Veinte años en la piel Tenías que verlo Tan hermoso era él Que costaba creerlo Por la sombra iba yo Casi me lo pierdo Pero solo me bastó Verlo sonriendo Con su voz angelical Él se pone a hablarme De sus clases, de mamá Creo desmayarme Me parece encantador Yo también fui chica Pero estoy algo mayor Para las canicas Veinte años y una piel Que me vuelve loca Con un beso arrebaté La flor de su boca Y una noche le mostré Mi autorretrato Exhibirlo así, a sus pies, Fue poco sensato Nos pasamos casi un mes Bebiendo ambrosía Las dos voces a la vez En tierna armonía Pero todo aquel ardor Me consumió el alma Y ante su primer amor Depuse las armas Veinte años en la piel Tenías que verla Tan hermosa como él Cómo no quererla Veinte años en la piel Dulce juventud… LA SOLEDAD Volvía a casa antes del alba Y me esperaba en el portal Se ha vuelto ya mi guardaespaldas Allí de pie junto al umbral Me ronda si un amor se muere Ya nunca me podré ocultar ¿Será que el Diablo no la quiere Que siempre viene a molestar? Con esa cara de cuaresma Y esa mirada fantasmal Nos pone como un alma en pena No para hasta hacernos llorar Viene a nublarnos la mañana Si no nos logra desvelar Maldita, si por ella fuera Haría en verano nevar Con tu triste gabán de pana Y tu cabello sin peinar Tu aspecto de desesperada Preferiría no mirar Mejor te llevas a otra parte Tu deprimente mise-en-scène No me interesa frecuentarte Adiós, y ¡que te vaya bien! Me quedan muchas primaveras Para embriagarlas de pasión Y pasaré la noche en vela Si así lo pide el corazón Porque hasta quedar sin aliento Yo quiero deshojar la flor Seguir derrochando tequieros Y ¿por qué no? Morir de amor Respondió “Ábreme la puerta; Te he seguido sin parar De vanas ilusiones muertas Yo te he venido a rescatar Tus pretendientes, sus poemas A la Verlaine o a la Rimbaud, Solo han causado problemas; Despídete, se terminó... Desde esa noche me desvela Pues de mi cuello se colgó Mi insomnio tiene centinela Es ella quien me conquistó He aquí mi nueva guardaespaldas Conmigo siempre la verás A toda hora monta guardia Ya nunca me abandonará La soledad, mi soledad… A MEDIA VOZ Dígamelo a media voz Que yo lo oiré de corazón Calme esta fiebre tan atroz Lo escucho Dígamelo con suavidad Murmúrelo con liviandad Que yo lo escucharé mejor Sí, mucho Si me lo dice a media voz Yo oiré muy bien de corazón Y así podré recomenzar Mi sueño Que en mis oídos el amor Sea cual de abejas el rumor Un día de verano al sol Al sol Contempla en el atardecer Aquel velero que despliega Su vela blanca, un resplandor Que baila Se lo diré a media voz No grite más, haga el favor, Que así ya no podré soñar Mi sueño No, mejor hábleme de amor En este ocaso a media voz O haga silencio, por favor Silencio Miremos al atardecer Aquel velero que despliega Su vela blanca, un resplandor Que baila Se lo diré a media voz Lo quiero a usted de corazón Y pronto haremos realidad Mi sueño… DUELO Regreso al pueblo Llueve sin cesar No acaba el duelo Duele recordar Era otro amanecer así Un año atrás yo estaba aquí Había niebla por doquier Del tren ya la entreveía No me era el pueblo familiar Más que de nombre en realidad Pero a venir me decidí Cuando el mensaje recibí: Señora, debe usted venir Dos, calle del Guadalquivir No hay esperanza de un después Y ha preguntado por usted Su hora había de sonar Después de tanto deambular Lo veo igual hoy como ayer Su grito desgarrando mi alma Desde aquel día que se fue Por mucho tiempo lo esperé Un vagabundo sin perdón Que destrozó mi corazón... Dos, calle del Guadalquivir Y cómo no iba yo a venir Ya nunca lo voy a olvidar El cuarto en que lo fui a encontrar Sentados frente a un pobre hogar Se irguieron al verme llegar Bajo una luz blanca y glacial Tres hombres vestidos de traje A aquel cortejo no encaré Y nunca nada pregunté Con sus miradas, sin hablar Decían que era tarde ya Y cómo no iba yo a venir Dos, calle del Guadalquivir Mas él jamás me volvió a ver Lo derrotó su padecer Ya sabes del cuento el final De su regreso y de su mal Pues él jamás volvió a zarpar De la que fue su última orilla Quería antes de morir Volver a verme sonreír Pero esa noche se durmió Sin un te quiero ni un adiós Por una senda junto al mar Ya lo han llevado a descansar Tranquilo por fin esta vez Reposa ya al pie de un ciprés Mi padre, mi padre Me voy del pueblo Llueve sin cesar No acaba el duelo Duele recordar VIVIR DUELE Viene de lejos cuando llega Sin avisar Cual polizón en la bodega El malestar Alguna mañana plomiza Lo sentirás Es un dolor que paraliza Aquí detrás La vida duele La vida duele Pero vivirla Vale la pena Hay quien lo lleva bien a la vista Ese dolor, en el ojal, Cual camafeo de amatista O por los hombros como un chal Es cierto que no es para tanto: No es que contigo acabará Por más que te reclame llanto Con cada día que se va La vida duele La vida duele Pero vivirla Vale la pena Vengas de Roma o de Bruselas Seas de Londres o Pekín Vengas de Egipto o Venezuela O vivas frente al San Martín Llevamos una misma carga Rezamos la misma oración La senda se te hará más larga Si cargas con tu desazón Por más que traten de aceptarnos Los que reclaman sin cesar Ya no querremos escucharlos No los podemos soportar Muy calladitos nos quedamos En esa noche sin final Cuando de pronto recordamos A todos los que ya no están La vida duele La vida duele Pero vivirla Vale la pena Viene de lejos, también llega Sin avisar Cual polizón en la bodega El bienestar Alguna mañana soleada La sentirás Esa alegría inesperada Ya lo verás Qué bella vida Qué bella vida Ven a vivirla Vale la pena MI GRAN AMOR Aún recuerdo el más lejano De mis amores tempranos Me cocía en el primer hervor Años de primeras penas Quince o dieciséis apenas Alma limpia y llena de fervor Fui precoz en la ternura Juvenil y su locura Dejó más de un rastro de dolor Si mi recuerdo es certero Aunque derroché tequieros Siempre el nuestro fue mi gran amor Nunca he sido muy prudente Ni medí bien la pendiente El amor es un gran profesor Crucé sin llegar al puente Y era cada pretendiente Peor seductor que el anterior Pero a fuerza de intentarlo No tardé en adivinarlo Aquí me esperaba lo mejor Rehacía mi equipaje Y recomenzaba el viaje Siempre el nuestro fue mi gran amor Largo fue el camino que me trajo aquí Largo fue el camino y casi me perdí Sopló un viento helado pero resistí Pues helara o no, me comprometí Recorrí el largo camino Ansiosa cual peregrino Que vislumbra un débil resplandor Y como ese peregrino A lo largo del camino No sentí fatiga ni dolor Fui contra viento y marea En mi intrépida odisea No llegar sería lo peor Nunca perdí la paciencia Supe calmar mi violencia Siempre el nuestro fue mi gran amor Iban pasando los años Dejándome desengaños Tanto desencuentro y sinsabor Tal vez faltaba coraje O sobraba sabotaje Yo necesitaba este calor Llegué a maldecir lo nuestro Si un personaje siniestro Se vestía de mejor postor Tantas veces me alejaba Tantas otras regresaba Siempre el nuestro fue mi gran amor Cuánto habré llorado, pero qué emoción Ver tanta alegría me dio la razón Lágrimas de dicha que yo provoqué Y que devolví y no olvidaré Una noche de verano Esperándome temprano Aquí mismo, en este corredor Fue al vernos sonriendo Y al querernos en silencio Que tomé conciencia de mi error Era el fin de mi camino No era otro mi destino Nuestro encuentro era el bien mayor Lo bendigan o maldigan No hace falta que lo diga: Que lo nuestro no hay nada mejor No hay quien pueda desmentirlo Ni me canso de decirlo Siempre el nuestro fue mi gran amor |
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VERA CANTA BARBARA CON LITO
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Un par de respuestas-pregunta
Por qué Barbara: imaginate admirar a María Elena Walsh (cantautora contemporánea de Barbara) y vivir rodeado de gente que no la conoce. ¿No intentarías lo que intenté yo?
Por qué Vera: imaginate descubrir a una cantante que, para acercarla mejor a los oyentes, había subtitulado ella misma en español el video de su versión de un tema de Barbara.
¿No la harías cómplice?
Barbara (si tuviera acento, iría en la última a), pionera cantautora que siempre negó ser poeta, insistía en que sus letras, para mí innegablemente literarias, no debían separarse de la música que había nacido con ellas, que "así, desnudas, son ridículas". Mis traducciones cantables de esas letras, tras años de desnudez, se vistieron por fin de gala en un suntuoso rendez-vous: a 25 años de la muerte de Barbara, Vera Cirkovic y Lito Vitale se dieron simbiótica cita para darles vida, uniéndolas por primera vez (y ya para siempre) con las inmortales melodías de una gran compositora. Solo cabe esperar que el puente idiomático que una voz y un piano inconfundibles han tendido entre la rive gauche parisina y el Río de la Plata revele las creaciones de Barbara a un nuevo público, y se cumpla así su deseo de que sus canciones "sigan moviéndose en el tiempo", volviendo así a latir en lejanas latitudes.
Buenísima version en español! Perfectamente cantable.
ResponderEliminarGracias... No solo cantable, ¡sino cantada! Si vas arriba de todo verás el enlace al álbum para escucharla. Que la disfrutes.
ResponderEliminarPoesia pura! Gran trabajo
ResponderEliminarMaravilloso, Chema
ResponderEliminarPreciosa introducción, divino trabajo el tuyo . Gracias
ResponderEliminarChema, gracias. tradujiste la que te pedí, Ma plus belle histoire d’amour!!! Me encanta
ResponderEliminarVolví a entrar aquí y a leer con detenimiento muchas de ellas. Qué buen trabajo!
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